L'année suivante, nous étions de retour à Tahiti. Cette fois-ci, pas de voyage aux Marquises,les amis de Jacques qui nous avaient hébergé sur l'île de Ua-Pou, étant rentrés précipitamment sur Tahiti...Une nuit, une de leurs collaboratrices , étonnamment belle, avait été assassinée.
Elle avait été retrouvée étranglée, son mari soupçonné, fut envoyé à Papeete ; c'était le fils du maire .
Le "maire" dans les îles, à l'époque était encore considéré comme le chef du village : une personnalité intouchable .
G.LECOEUR à Tahiti |
G.LECOEUR à Tahiti |
Toujours est-il, que Jean-Charles et Marie-cécile vivaient maintenant à Tahiti, et pour être plus précise à Tahiti-iti ; lorsque l'on regarde une carte de Tahiti, cela ressemble à un miroir à main eh bien "la poignée" c'est Tahiti-iti.
La maison était nichée dans un jardin au mille essences de végétaux tropicaux, les fleurs jonchaient le sol et embaumaient l'air de leurs senteurs enivrantes. Nous avions une vue imprenable sur la mer.
Quel enchantement !
Jean-Charles peignait des toiles magnifiques, et cuisinait divinement ; ne dit-on pas que les artistes savent régaler vos yeux mais, aussi votre palais ?
G.LECOEUR sur un motu |
Les jours passaient dans une ambiance chaleureuse et bon enfant. Il arrivait à Jean-Charles de nous conduire à bord d'un petit bateau à moteur sur un" motu"; un petit îlot rien qu'à nous, pour y passer la journée. Ainsi nous pouvions pratiquer de la plongée avec un "tuba" et nager dans une eau transparente et chaude.
Dans cette atmosphère ,je me surprenais à créer dans ma tête des décors, des intérieurs aux couleurs harmonieuses , où l'on se sent en symbiose avec la nature.
Les nuits étaient chaudes et nous dormions ,Jacques sur les draps et moi, dessous ; "les bébêtes" des îles marquises m'avait laissé prudente. Une nuit, un crabe de terre pris le crane de Jacques pour une noix de coco ; réveillée par la "bataille" qu'il menait contre le crustacé, je sorti de dessous mes draps pour jeter un oeil ; Jacques était en train de le lancer par la fenêtre.
-Ouf, me dit-il, quelle "saloperie", je vais enfin pouvoir dormir
Quelques minutes plus tard, mon Jacques livrait de nouveau une bataille féroce avec l'indésirable. Cette fois avant de le balancer dans le jardin, il ...l'écrasa.
Le lendemain matin, nos amis nous regardaient bizarrement;
-Euh ! nous avons peut-être fait un peu de bruit cette nuit, excusez- nous leur dit Jacques
-Ce n'est pas grave, on comprend, vous êtes mariés que depuis un an, nous répondirent-ils
-Oh ! non, non, ce n'est pas cela, répondis-je gênée de la méprise, c'est un crabe qui s'est attaqué à Jacques une partie de la nuit, mais ne vous en faites pas ,il lui a réglé son compte !
- Ce crabe n'était-il pas une femelle par hasard ?
-Peut-être, je n'ai pas fait attention !
-Eh bien c'était notre crabe, il venait nous rendre visite régulièrement
Oups ! le crabe était en morceaux...
Mais, Dieu merci, ils ne nous en voulurent pas !
Le lendemain, après avoir passé une meilleure nuit, nous partîmes pour la journée à Mooréa ;
journée délicieuse; on participa à un " kai kai" ; un trou fut creusé sur la plage , à l'intérieur, des pierres chaudes attendaient la viande de chèvre, les bananes,les légumes et les plats mis dans un grand "casier", puis recouvert de feuilles de bananier, et de couvertures...le tout pouvait cuire à l'étouffer.
"KAÏ-KAÏ" |
L'après midi ; plage, baignade, farniente....
Mais le jour du départ approchait, nous n'étions pas si ravis que cela ; nous savions l'un et l'autre que nous ne reviendrions plus à Tahiti, mais nous ne pourront jamais oublier ces semaines passées,et, à ce moment très précis, nous pouvions comprendre ces marins qui avaient désertés pour s'installer sur ces îles du pacifique.
Ces paysages,ces odeurs étaient imprégnées à tout jamais en nous.
Beaucoup plus tard, je remarquerai que toutes mes décorations d'intérieurs étaient empreintes de ces voyages lointains....
G.LECOEUR dit au revoir à Tahiti |
Pour le moment, nous faisons nos adieux à nos amis, et recouverts de colliers de coquillages nous repartons à bord d'un DC10 d'UTA pour Los Angeles puis Paris...
Photos Geneviève Lecoeur (tous droits réservés)
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